Analyse des Marchés | n°2 | 2023
Vous pouvez découvrir notre Analyse des Marchés. Un document réalisé par nos conseillers en placement avec quatre sujets : retour sur les marchés, la vision pour la suite, la thématique choisie, nos experts vous répondent. Différents sujets mis sous la loupe de nos experts avec leurs visions de l’actualité et de l’économie.
Tous les trois mois, vous retrouverez sous format pdf dans votre boîte email ou sur notre site l’Analyse des Marchés de la BCJ.
Emmanuel Guélat, Conseiller en placement
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Nos experts vous répondent
Dans ce numéro, notre expert Emmanuel Guélat, conseiller en placement, traite du secteur bancaire.
Vous aimeriez que nos experts traitent une thématique qui vous intéresse ? N’hésitez pas à nous écrire et à nous la proposer pour notre prochain numéro trimestriel.
Contact : marches@bcj.ch
Que s’est-il passé sur le secteur bancaire mondial?
Le 10 mars, une banque américaine, la Silicon Valley Bank (SVB) a fait faillite. Il s’agissait de la 16ème plus grosse banque américaine de par son bilan qui avoisinait les 210 milliards de dollars. Elle était active majoritairement dans le financement des entreprises du secteur de la technologie ainsi que des start-up. C’est la plus importante débâcle du secteur depuis la crise de 2008 et c’est aussi la deuxième plus grande banqueroute de l’histoire des Etats-Unis. Dans la foulée, la panique a causé la faillite de deux autres établissements, à savoir la Signature Bank et la Silvergate Bank.
Ces fermetures de banques ont fait trembler toute la finance mondiale. En Suisse, le Credit Suisse, déjà malmené depuis de nombreux mois, s’est également trouvé dans une situation très délicate. Dans le but d’éviter une propagation de la panique et afin de ramener le calme et la confiance sur les marchés, UBS a racheté le Credit Suisse, avec l’appui des autorités fédérales et financières.
Pourquoi la SVB a-t-elle fait faillite?
Selon les spécialistes, plusieurs facteurs expliquent cette débâcle, à commencer par une mauvaise gestion des risques et une exposition trop importante au secteur de la technologie.
Durant les belles années, la clientèle de la banque a déposé d’importants capitaux. SVB a placé cet argent, afin de générer du rendement, dans des bons du Trésor américain. Si ces placements sont sans risque en soi, la forte remontée des taux en 2022 a fait chuter la cotation de ces obligations. De plus, le niveau des taux a eu aussi pour conséquence de rendre l’accès à l’argent plus difficile, créant des problèmes de trésorerie pour les entreprises de la technologie, avides de besoins importants pour soutenir leur croissance. Ces dernières ont donc retiré leurs fonds à la SVB qui n’a plus pu honorer ses engagements. En manque de liquidité et n’ayant pas eu le temps de procéder à des augmentations de capital, la crainte s’est répandue comme une trainée de poudre aux autres clients, amenant la banque à un point de non-retour et dans une situation d’insolvabilité déclenchant ainsi la faillite de l’établissement.
Deux jours après cet événement, les autorités américaines ont pris le contrôle de la banque pour gérer l’accès aux dépôts. Ne voulant pas voir la situation se dégrader, le gouvernement a décidé de supprimer le plafond de garantie et d’autoriser les déposants à disposer de la totalité de leurs avoirs, sans perte.
Que s’est-il passé avec Credit Suisse?
La situation est quelque peu différente avec la banque suisse. Une semaine après les événements aux Etats-Unis, l’action Credit Suisse a fortement chuté suite à un manque de confiance de plus en plus important. Dans le but d’éviter une situation de panique, la BNS a octroyé un prêt de 50 milliards à la banque aux deux voiles afin de faire face à la crise qu’elle traversait. Nous sommes le jeudi 16 mars. La journée du lendemain reste toujours critique sur le marché. Durant le weekend, un plan est mis en place par les autorités fédérales, la Banque nationale ainsi que l’autorité de surveillance des marchés financiers (FINMA) dans le but de rétablir la confiance et éviter une contagion. UBS rachète Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses. La banque n’est donc pas en faillite mais fermera ses portes dans le futur puisque toute ses activités seront reprises par UBS qui deviendra le 2ème gestionnaire de fortune mondial pour la clientèle privée et le 3ème en Europe pour la clientèle institutionnelle. En Suisse, UBS sera le leader du marché aussi bien dans le domaine des dépôts que des crédits.
Allons-nous revivre un 2008 bis?
L’intervention par les autorités américaines pour protéger les clients de la Silicon Valley Bank, ainsi que le rachat de Credit Suisse, ont eu justement pour but d’éviter un vent de panique comme cela s’était passé en 2008 avec les conséquences que l’on connaît. Si certains y voient une similitude, la comparaison est difficile pour deux raisons principales. La première est que les autorités suisses et américaines sont intervenues immédiatement pour ramener le calme sur les marchés et maintenir la confiance dans le système bancaire. Deuxièmement, de très nombreuses mesures ont été prises dans le secteur bancaire depuis 2008 pour renforcer les fonds propres des banques à travers le monde pour leur permettre de traverser une crise de liquidités ou d’autres accidents de parcours. D’ailleurs, de nombreux «stress-tests» sont effectués pour vérifier en continu la solidité des banques importantes et la capacité de celles-ci à faire face à leurs engagements.